Correction de la Séance 13 : quels droits pour les animaux ?
Séance 13 : La querelle sur les droits de l'animal.
Notre façon de traiter l'animal révèle-t-elle l'humain que l'on aspire à être ?
CORRECTION :
- Etude de tableau : Lucas CRANACH l’Ancien, La Chasse de Frederick III, 1529 – huile sur bois, musée d’Histoire de l’Art de Vienne.
Encore fort appréciée aujourd’hui par certains, et alors qu’elle est interdite en Angleterre depuis 2005, la chasse à courre à la Renaissance est un loisir et un sport réservé à la noblesse. Considérée comme un art, elle se pratique à cheval. Lucas Cranach immortalise la grandeur de l’empereur à travers ce tableau. Mais si on l’observe attentivement, avec notre regard actuel, que nous raconte cette représentation ?
Nous voyons sur cette représentation une illustration de la grandeur et de la richesse d’un empereur, Frederick III. Il est représenté presque au centre du tableau, sur un cheval blanc et habillé d’un grand chapeau. Sa richesse se manifeste notamment par les bâtiments que l’on aperçoit en arrière-plan, mais aussi par le nombre de cerfs et autre gibier rassemblé pour cette chasse.
Toutefois en y regardant plus attentivement, plusieurs éléments peuvent nous choquer :
- les animaux sont en quelque sorte piégés sur une île dont ils peinent à s’échapper à la nage ;
- le roi est accompagné d’autres nobles à cheval, mais aussi de nombreux chiens dressés à la chasse et réputés pour leur rapidité, les lévriers. (l’un des cerfs est entouré par six chiens)
- ils sont armés de lances très longues
- une troupe armée importante se tient sur la rive opposée, à droite (cette chasse est le privilège de l’Empereur) mais prête à intervenir ;
- tout autour de l’île, dans les bosquets et les buissons, des hommes armés se tiennent embusqués. Ils sont armés d’armes de trait (sans doute des arbalètes) permettant de ralentir le gibier, voire de faciliter à l’Empereur une touche ;
- cette mise à mort est un véritable spectacle : les dames de la cour sont invitées à en profiter en bateau (et cela donne même des envies lutines à l’une d’elles !).
Ainsi, le monarque pourra à coup sûr s’enorgueillir d’avoir abattu un nombre considérable de bêtes à lui tout seul ( !). Mais avec notre regard contemporain, c’est la barbarie de la scène qui nous interpelle.

- Etude comparée de textes :
Lisez les quatre extraits proposés dans le pdf ci-dessous et complétez le tableau.
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Arguments en faveur des animaux
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Exemples appuyant la thèse |
Arguments à l’encontre des humains |
Texte 1 :
Jeremy Bentham
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- l’animal souffre aussi, c’est pourquoi il lui faut des droits.
- Un animal adulte est plus évolué qu’un humain nouveau-né.
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L’homme blanc a longtemps oppressé les peuples en raison de leur couleur de peau |
Nous agissons ainsi par manque de connaissance |
Texte 2 :
Elisabeth de Fontenay
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- l’animal est privé de ses libertés
– il ne subit pas seulement la mort, mais l’enfermement. |
- les animaux souffrent et sont terrorisés pour des raisons économiques, religieuses, scientifiques… (animalerie, expériences, élevage, abattoirs…) |
- on croit que la cruauté, c’est faire souffrir volontairement.
- en fait, c’est l’indifférence à la souffrance animale qui nous rend criminels |
Texte 3 :
Bernard Mandeville
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- la terre fournit aux hommes d’autres moyens de se nourrir.
- certains animaux ressemblent tant à l’homme qu’ils doivent ressentir comme nous.
- ils souffrent lorsqu’on leur inflige une mort violente. |
- les poissons, écrevisses, huîtres, coques… sont muets et ne nous ressemblent pas ;
- le homard pousse un cri émouvant en cuisant ;
- certains hommes tuent avec plaisir ;
- les moutons et bœufs sont des animaux parfaits (car faits comme nous)
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- C’est par habitude que nous tolérons la souffrance animale.
- il est dur d’éprouver de la pitié pour des animaux très différents de nous.
- il faut aimer les carnages pour supporter de voir souffrir des animaux qui nous ressemblent |
Texte 4 :
Maupertuis
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- les animaux ressentent, éprouvent des sentiments et sensations.
- les hommes ne sont pas les seuls à avoir une âme (= esprit, raison), même si celle des animaux est moins capable de raisonnement que la nôtre.
- Les tourmenter est cruel et injuste. |
- En Asie il y a des hôpitaux pour animaux.
- par respect envers les animaux, certaines nations refusent de consommer de la viande animale.
- certains peuples font attention aux insectes mêmes.
- en Europe les enfants tuent les mouches, les adultes sacrifient leurs chevaux pour tuer un cerf. |
- Les Européens tourmentent les bêtes sans nécessité et sans scrupule.
- On enseigne cette cruauté en Europe.
- Ce raisonnement conduit progressivement à la cruauté envers les autres hommes.
- cette cruauté est le fruit de l’habitude : ils n’ont même plus aucun remords.
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Lequel de ces textes vous semble le plus convainquant ? Expliquez pourquoi dans un paragraphe argumenté en vous appuyant sur des éléments précis.
Cette réponse est évidemment subjective. Mais on pourra faire valoir la modernité des arguments et exemples du texte 2, le nombre d’exemples du texte 3, la clarté d’expression du texte 1 ou l’abondance des arguments de la 4. Certains sont plus accusateurs que d’autres, d’autres sont précurseurs…
Recherche :
Sous quelle dénomination la loi considérait-elle les animaux jusqu’en 2015 ?
Jusqu’en 2015, le Code civil définit comme des « biens meubles par leur nature les animaux et les corps qui peuvent se transporter d’un lieu à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu’ils ne peuvent changer de place que par l’effet d’une force étrangère ».
D’autre animaux étaient quant à eux classés dans la catégorie des immeubles par destination : « les animaux et les objets que le propriétaire d’un fonds y a placés pour le service et l’exploitation de ce fonds sont immeubles par destination ». Il s’agissait des « animaux attachés à la culture », « les pigeons des colombiers », « les lapins des garennes », « les ruches à miel », « les poissons de certains eaux et plans d’eau ».
Comment sont-ils désignés depuis ?
Désormais, ils ne sont plus considérés dans les biens meuble, mais « des êtres vivants doués de sensibilité »
Quel roman de George ORWELL raconte la rébellion des animaux contre la tyrannie des hommes qui les exploitent ?
C’est bien évidemment Animal farm (la Ferme des animaux), écrit en 1945.
On y trouve notamment cette phrase devenue célèbre :
« Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. »
Pour aller plus loin :
Débat : la corrida et les abattoirs. Peut-on justifier l'utilisation de l'animal ?
Ecriture : Comme George Orwell dans La Ferme des animaux, inventez un dialogue entre animaux se plaignant de la façon dont ils sont traités par les humains. (filmer ce dialogue par groupes)
Culture générale :
Vous pouvez aussi jeter un oeil à cette bibliothèque de textes sur les droits des animaux
Finalement, la façon dont nous nous comportons envers les animaux révèle l'humain que l'on aspire à être. Mais jusqu'où le lien entre l'homme et l'animal a-t-il été poussé ? C'est ce que vous allez voir à la séance 14.