Correction de la Séance 9 : l'ambition Encyclopédique
Séance 9 :
Encyclopédies et catalogues : la quête du savoir au siècle des Lumières
CORRECTION :
- Le projet de l’Encyclopédie :
- Qui est à l’origine de ce projet ?
Denis DIDEROT et Jean LE ROND D’ALEMBERT
- Cherchez l’étymologie de ce mot.
Le mot vient du latin encyclopaedia, lui-même dérivé de mots grecs : enkyklios, circulaire, totale, et paideia, éducation. C’est donc un ouvrage d’éducation sur tout ce qui nous entoure.
- Quel est le titre complet de cet ouvrage ?
Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers.
- Combien de personnes contribuent environ à la rédaction des articles de l'Encyclopédie ?
Un peu plus de 160 personnes contribuent à la rédaction des articles, parmi lesquels Diderot, D’Alembert, le chevalier de Jaucourt, le baron d’Holbach. Ils se regroupent sous le nom de « Société des gens de lettres ».
- Combien compte-t-elle de volumes ? d'articles ? de volumes de planches ?
La première édition compte 17 volumes de textes, 11 volumes de planches et 71 818 articles !
- Combien d'exemplaires a-t-elle été imprimée au premier tirage ? Est-ce beaucoup ou peu ?
La première édition comporte 4225 exemplaires, et les rééditions, nombreuses, permettent d’atteindre le nombre de 24000 exemplaires en circulation au moment de la Révolution française.
C’est beaucoup, considérant les déboires avec l’Eglise et la justice. A cette époque, un tirage courant dépasse rarement les 1500 exemplaires.
- Texte 1 : Denis DIDEROT, Encyclopédie, « Avertissement » (manuel de français, p.195)
- D’après ce texte, quelle est l’ambition des auteurs de l’Encyclopédie ?
Tout d’abord, le projet se veut à l’origine une entreprise de traduction d’un ouvrage anglais. Mais très vite les auteurs constatent que les connaissances scientifiques ont évolué, et qu’il faut réactualiser les articles. L’objectif premier est donc de rassembler l’ensemble des connaissances passées et actuelles.
Ainsi, si l’humanité connaissait un retour en arrière, si la civilisation déclinait brutalement, les connaissances ne disparaitraient pas et resteraient pour les générations futures.
Il s’agit également de faciliter l’instruction, afin de permettre à l’humanité d’évoluer, et de supprimer le fanatisme, d’aspirer à de plus hautes valeurs comme en témoigne son énumération : « à s’aimer, à se tolérer et à reconnaître enfin la supériorité de la Morale universelle sur toutes les morales particulières qui inspirent la haine et le trouble […] ».
- Comment exprime-t-il sa confiance en l’avenir ?
Grammaticalement, par l’usage du futur simple : « tout ne sera pas perdu » l.9 (où l’on peut également lire une litote : ces connaissances seront sauvées). La majuscule au mot « cet Ouvrage » manifeste également la valeur qu’il lui accorde. De même, il insiste particulièrement sur les termes modernes, car l’Encyclopédie doit devenir le vecteur de ces connaissances : « découvertes », « connaissances », « éclairé », « de notre siècle »… tout en se projetant dans l’avenir : « dans vingt ans d’ici ».
Les termes et tournures mélioratives abondent également, et il se montre particulièrement subjectif : « et c’est quelque chose », « d’un pas si rapide », « cette heureuse révolution », « Heureux le temps où », « nous flatter »…
Diderot a donc la conviction ferme que l’Encyclopédie va permettre à l’Homme de devenir meilleur, et l’humanité d’entrer dans une nouvelle ère de paix.
- Document 1 : le Frontispice de l’Encyclopédie, par COCHIN et PREVOST (manuel p.194)
Lisez les explications sur la gauche de la page.
Cette illustration vous semble-t-elle appropriée pour une œuvre à vocation scientifique ? Comment expliquez-vous ces choix ?
Cette gravure a de quoi surprendre dans la mesure où elle évoque un passé mythologique et un décor peu réaliste. On y retrouve également certains éléments qui rappellent l’iconographie religieuse (nuées, lumière disposée en auréole autour de la tête…). Enfin, toutes les disciplines scientifiques sont représentées sous forme d’allégories féminines, alors même qu’au XVIIIème la grande majorité des femmes est tenue à l’écart d’une éducation scientifique.
Pourtant, de très nombreux domaines techniques et scientifiques sont représentés, et surtout l’harmonie qui les rend indispensables les uns aux autres : ces domaines sont tous liés, sans hiérarchie en dehors de la Vérité qui domine, quand la théologie (l’étude des religions) est à genoux sous elle. On peut donc affirmer que la science se substitue aux religions et aux critères de hiérarchie sociale, car le XVIIIème veut faire briller « les lumières de la raison », devant laquelle tous sont égaux.
D’après les allégories représentées, l’Encyclopédie est-elle seulement dédiée aux sciences et techniques ?
Non, les domaines artistiques et culturels sont également présents : Imagination, Philosophie, Raison, Mémoire, Histoire, les différents genres de la poésie, musique, peinture, sculpture, architecture…
- Texte 2 : Louis de JAUCOURT, Encyclopédie
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[…] Au reste, tous ceux qui par leur pénétration, leurs travaux, leurs talents, et leurs études, sauront joindre recherches à observations, théorie profonde à expériences, enrichiront sans-cesse les inventions, les découvertes déjà faites, et auront la gloire d'en préparer de nouvelles.
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- De quelles préoccupations cet extrait témoigne-t-il ?
Il témoigne de la volonté d’enrichir perpétuellement l’Encyclopédie de nouveaux savoirs, tant pratiques que théoriques, ainsi que de la volonté de faire perdurer les savoirs, de les inscrire dans le temps et de guider les siècles à venir pour leur permettre d’aller plus loin.
- Quels sont les dangers que cette Encyclopédie doit écarter dans le présent ? Dans l’avenir ?
Les dangers à écarter sont de l’ordre du juridique tout d’abord, car l’Encyclopédie est interdite par le Roi ; cette censure oblige à chercher des protecteurs. Les attaques de l’Eglises, les accusations de plagiat, les procès et jalousies sont autant d’obstacles qu’ils doivent affronter… Quant à l’avenir, c’est l’oubli qui menace.
Pour le plaisir : consultez au hasard les planches de l’Encyclopédie ici.
Devinettes :
- Quel auteur est connu, à la même époque, pour ses ouvrages proposant de cataloguer les espèces animales ? Georges-Louis Leclerc de Buffon (voir séance 10)
- Comme les philosophes des Lumières, les scientifiques aujourd’hui craignent la disparition des connaissances. Quel projet mis en œuvre depuis 2005 a pour but de préserver l’ensemble des connaissances sur les plantes en empêchant leur destruction et leur disparition, même en cas de cataclysme ?
Il s’agit du projet Svalbard, une réserve mondiale de semences, chambre forte sécurisée enfouie sous un glacier d’une île norvégienne afin de préserver la diversité génétique des plantes et végétaux en cas de cataclysme : une arche de Noé des plantes. En 2017, un 2ème bunker est construit afin de conserver des données, images et vidéos : la Arctic World Archive.
Visite virtuelle de la réserve du Svalbard
la réserve du Svalbard sur Wikipedia
article : la réserve du Svalbard au secours de la Syrie
Pour en savoir plus sur les Lumières : voir le manuel pp. 192-193 ainsi que 617.
Pourquoi est-il donc si important de cataloguer les espèces ?