Séance 2 - l’impact des découvertes scientifiques : une nouvelle vision du corps
Séance 2 : Les grandes découvertes scientifiques de la Renaissance :
un nouveau rapport au corps .
Les avancées de l'imprimerie et les travaux de traduction permettent aux esprits de la Renaissance de redécouvrir les savoirs antiques. Au XVIè comme au XVIIIème, la diffusion des savoirs apparaît comme capitale.
C'est le début d'une période de foisonnement intellectuel et scientifique : nombreux sont ceux qui se tournent vers la science par l'observation, l'expérimentation et la mathématisation des phénomènes observés.
Cet état d'esprit n'est pas réservé aux seuls scientifiques ! Vous connaissez tous de grands noms de la littérature ou de la peinture qui excellent dans les domaines scientifiques, et inversement des scientifiques qui deviennent des auteurs incontournables : Descartes, Pascal, Voltaire, Omar Khayyam, Léonard de Vinci...
Malheureusement, la pensée scientifique ne peut pas toujours être exprimée librement : l'Eglise notamment exerce une forte censure, et l'Inquisition se charge de réduire au silence ceux dont les théories scientifiques contredisent les textes religieux (j'évoque ici bien entendu l'Eglise de la Renaissance, du XVIIè et du XVIIIè siècle). Ceux qui refusent de se rétracter officiellement sont privés de toute possibilité de s'exprimer.
Plus tard, au XVIIIè, un arrêté du conseil du Roi interdit l'Encyclopédie, et le Pape la condamne.
Avec l'Humanisme apparaît une nouvelle vision du corps :
Portrait d'André Vesale
Un nouveau départ pour la médecine (voir votre manuel p.248)
- Nous avons vu que l'Humanisme remet l'Homme au centre, et dans Gargantua, nous avons opposé l'éducation monastique reçue par le héros au début, dans laquelle prendre soin du corps est considéré comme une perte de temps qui détourne de l'apprentissage religieux, à l'éducation humaniste qu'il reçoit de Ponocrates dans laquelle l'hygiène et les activités sportives sont mises à l'honneur : prendre soin de son corps est un devoir envers les autres et envers soi-même et se concrétise à travers la formule "un esprit sain dans un corps sain" :
"Mens sana in corpore sano"
En 1474 : parution du Traité de diététique de Bartolomeo Sacchi, l'un des premiers.
- le corps, réhabilité à la Renaissance, permet de vérifier la beauté et la complexité de la création divine ; c’est le lieu de l’épanouissement social et intime.
- Opposition entre le corps sacré (dans sa nudité, évoque les perfections célestes ; allégorie, emblème de vérité) et le corps profane (dimension terrestre, prisonnier des sens, soumis à la déchéance)
Vinci, l'Homme de Vitruve, vers 1490
Ce regain d'intérêt pour le corps pousse à s'intéresser à son fonctionnement interne. Mais l'étude du corps humain se heurte souvent aux interdits religieux et moraux. Ces recherches sont souvent faites dans un certain secret :
Léonard de Vinci est moins connu pour ses recherches sur l'anatomie, pourtant il dessine de très nombreux schémas de l'intérieur du corps humain, et même de foetus. Pour protéger ses travaux, il écrit de façon inversée et invente des objets pour cacher ses documents des regards inquisiteurs (au sens propre et au sens figuré).
article sur les dessins anatomiques de Vinci
Royal collection trust : Vinci et l'anatomie
Leonard de Vinci - Etudes anatomiques de l'épaule
En 1533 a lieu la 1ère autopsie publique par Vésale (1514-1564), qui s’attaque aux traditions pour fonder l’anatomie moderne. La dissection de cadavres humains se heurte à la désapprobation des autorités civiles et religieuses : suspectés de sorcellerie, les 1ers anatomistes font face à de telles difficultés que Vésale se voit contraint de déterrer ou de dérober des corps de pendus pour les étudier.
(Sur ce "trafic" de cadavres, voir l'excellent film - décalé mais inspiré d'une histoire vraie - intitulé "Burke and Hare" / "Cadavres à la pelle" en français, réalisé en 2010 par John Landis et qui nous plonge dans l'Ecosse de l'ère victorienne, haut lieu de la médecine en Europe. Attention, ceux qui n'apprécient pas l'humour noir, prière de vous abstenir !)
1552 : Ambroise Paré (1510-1590), chirurgien, invente la ligature des artères
Vous pouvez aussi consulter cette histoire de la médecine de l'Antiquité au XIXè
- Texte support : VESALE, De Humani Corporis fabrica
Lisez le texte : Par quels procédés souligne-t-il les difficultés rencontrées dans la pratique de cette nouvelle discipline ?