Milhaud - Enseignement de spécialité - HLP - Littérature

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Séance 4 : Quels registres pour accuser ?

 

 

Séance 4 - Les registres de l'accusation :

registre polémique / registre satirique

 

 

 

 

  • extrait 1 : le registre polémique : DEMOSTHENE, Première Philippique

 

 

DEMOSTHENE, Première Philippique, 10-11 – 351 avant J.C.

 

Quand donc, Athéniens, quand ferez-vous votre devoir ? Qu'attendez-vous pour agir ? Que la nécessité vous y force sans doute ? Mais, aujourd'hui, que faut-il penser de ce qui se passe ? Quant à moi, je crois que, pour un homme libre, la nécessité la plus pressante, c'est d'avoir à rougir de sa conduite ! Préférez-vous, dites-moi, aller de l'un à l'autre sur l’agora, en vous demandant : " Y a-t-il du nouveau ? " Et quoi de plus nouveau que de voir un Macédonien triompher par les armes des Athéniens, et gouverner la Grèce ? " - Est-ce que Philippe est mort ? - Non, mais il est malade. " Pour vous, quelle différence ? Qu’il vienne à mourir, vous aurez bientôt fait en sorte qu'il naisse un autre Philippe, si vous continuez d'apporter aussi peu d'attention à vos affaires ; car ce n'est pas à ses propres forces qu'il doit sa grandeur, mais c'est à votre négligence.

 

 

 

Observer le texte : quelle est la visée de Démosthène ? Quelle intonation adopte-t-il ? Quels procédés permettent d’appuyer cette finalité ?

 

 

Synthèse : Le registre polémique (de polemos, la guerre) attaque avec virulence l’adversaire et son argumentation, et propose son propre point de vue comme le seul possible. Il montre une certaine agressivité.

 

Procédés : marques d’agressivité, lexique connoté, mélioratif ou péjoratif ; parallélismes, négation, 2ème personne, marques d’injonction, termes virulents, injures, emphase…

 


 

  • extrait 2 : le registre satirique : LA BRUYERE, Les Caractères, "Arrias" (manuel de français p.161)

 

Observer le texte : quelle est la visée de La Bruyère ? Quelle intonation adopte-t-il ? Quels procédés permettent d’appuyer cette finalité ?

 

Jean de LA BRUYERE, Les Caractères, « Arrias » , 1687

 

            Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c'est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater. Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : « Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée, lorsque l'un des conviés lui dit : « C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive fraîchement de son ambassade. »

 

 

 

Synthèse : Le registre satirique permet d’attaquer ou de dénoncer en passant par l’exagération qui provoque le rire. Souvent le ton adopté est celui de l’éloge, de l’admiration, afin d’accentuer l’aspect critique.

  • De Satura, "mélange". pièce de théâtre qui mélangeait la prose et le vers, et qui faisait une critique des moeurs.

 

Procédés : lexique (dé)valorisant, figures d’insistance et d’opposition pour amplifier la condamnation, caricature, hyperbole ; antiphrases, ironie…

 

 

Le blâme du registre épidictique peut s’exprimer à travers différents supports : pamphlets, satires, épigrammes, maximes, portraits-charges, apologues, essais…

 

Dans le portrait charge à la manière de La Bruyère, la satire se fait sentir avec plus de force à la fin : in cauda venenum. (cf Juvenal, Swift « La Modeste proposition » ou l'épigramme de Voltaire sur Jean Fréron ci-dessous).

 

L’autre jour au fond d’un vallon
Un serpent piqua Jean Fréron,
Que pensez-vous qu’il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva.


 

Atelier d’Ecriture : par groupes de deux ou trois :

 

Dans un couloir du lycée, vous voyez un élève s'en prendre à un autre plus petit. Vous intervenez et vous adressez à lui, soit dans le registre satirique, soit dans le registre polémique, en veillant à en utiliser les codes.

 

 


 

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25/09/2022
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